Une Alliance de la Méditerranée orientale, pourquoi pas ? 

Les pays de la région doivent enfin prendre conscience du danger qui les attend à l’avenir. Pour en sortir, ils doivent établir des alliances solides dans les domaines de la sécurité, de la défense, de l’économie et du développement. L’alliance nommée « Tigre-Euphrate » est en cours de formation entre la Turquie, Bagdad et Damas. Il faut l’élargir.
février 17, 2025
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Les pays de la région doivent enfin prendre conscience du danger qui les attend à l’avenir. Pour en sortir, ils doivent établir des alliances solides dans les domaines de la sécurité, de la défense, de l’économie et du développement. L’alliance nommée « Tigre-Euphrate » est en cours de formation entre la Turquie, Bagdad et Damas. Il faut l’élargir.

Pourquoi ne pas créer une « Alliance de la Méditerranée orientale » ? L’Égypte, le Liban, la Jordanie, la Turquie, la Syrie, Chypre, la Tunisie, la Libye, le Maroc et l’Algérie devraient former une alliance.

Gaza, le Liban, maintenant l’Égypte et la Jordanie

Les lecteurs qui suivent cette chronique se souviendront que, depuis le début de la guerre à Gaza, je n’ai cessé d’affirmer, parfois même en criant, que l’occupation et l’agression israéliennes ne se limiteront pas à Gaza et que l’ensemble des pays de la région est en danger.

En effet, après Gaza, Israël a occupé une partie du Liban et de la Syrie. Mais cela ne s’est pas arrêté là : des frappes aériennes ont également été menées au Yémen, en Irak et en Iran.

Aujourd’hui, le président américain Trump veut déporter les Palestiniens de Gaza vers l’Égypte et la Jordanie. Malgré le refus de ces pays, il insiste en affirmant : « Ils accueilleront les Palestiniens, ils les accueilleront ». Cette déclaration est en réalité une menace.

LA SOLUTION NE RÉSIDE PAS DANS LA CONCILIATION MAIS DANS L’UNION

Peut-on imaginer qu’environ deux millions de Palestiniens soient expulsés vers l’Égypte et la Jordanie et que Gaza soit annexée par Israël ? Je tiens à noter ici que ce projet de déportation ne se limite pas à Gaza, mais concerne également les Palestiniens de Cisjordanie. L’Égypte et la Jordanie semblent mener des négociations de conciliation avec les États-Unis et Israël, pensant ainsi éviter l’afflux de deux millions de réfugiés sur leur territoire. Le Liban aussi avait tenté de négocier avec la France et les États-Unis, mais cela n’a pas empêché l’occupation et la destruction du pays.

Ces nations doivent comprendre qu’Israël n’abandonne jamais ses objectifs, il ne fait que les reporter et les étaler dans le temps.

Le projet du Grand Israël ; un objectif théopolitique d’Israël, est désormais devenu une ambition géopolitique pour les cercles évangélistes aux États-Unis et les sionistes. Cela signifie que le rêve expansionniste et impérialiste d’Israël est désormais un projet militaire structuré. Ainsi, au Pentagone, à Tel-Aviv et à la Maison-Blanche, les stratégies à moyen et long terme pour notre région sont dessinées selon cette utopie.

Dans ce contexte, tenter de négocier ou de parvenir à un compromis avec Israël et les États-Unis ne fera qu’accélérer l’occupation et la destruction. La seule manière de stopper cela est de construire des alliances régionales solides et de mettre en place des unions à large participation. Seule une force régionale unie peut contrer l’expansionnisme israélo-américain.

A QUI LE TOUR APRÈS L’ÉGYPTE ET LA JORDANIE ?

Si l’Égypte et la Jordanie acceptent les Palestiniens exilés, elles commettront l’une des plus grandes erreurs de l’histoire. Non seulement à cause de la crise économique et sociale qui en résultera dans leurs propres pays, mais aussi parce qu’en vidant les terres palestiniennes et en ouvrant de nouveaux espaces à Israël, elles se retrouveront dans une position impardonnable aux yeux du monde islamique. Cela déclenchera non seulement une opposition interne, du chaos et des troubles, mais affectera également négativement leurs alliances et relations avec d’autres pays. En fin de compte, ces deux pays seront entraînés dans une grave instabilité.

Cette instabilité profitera à Israël et aux États-Unis, qui utiliseront le prétexte de la « sécurité » pour justifier l’occupation d’une partie de ces territoires. Si Israël et les États-Unis n’ont pas encore prévu l’occupation de la région du Sinaï en Égypte et de zones frontalières en Jordanie sous couvert de zones tampons, je serais surpris.

Mais croyez-moi, ce scénario catastrophique ne s’arrêtera pas là. Par la suite, les États-Unis feront pression sur l’Arabie saoudite pour qu’elle réponde aux besoins énergétiques d’Israël. Et si elle refuse, elle sera menacée par le gel de ses avoirs, des sanctions, des taxes douanières et la suppression de son bouclier de protection.

Le nouveau gouvernement syrien sera contraint de céder à Israël le plateau du Golan et la région du mont Hermon, riche en ressources hydriques et déjà occupée de facto. S’il refuse de céder ces terres, il sera menacé par une extension de l’occupation militaire, une non-reconnaissance de son gouvernement, son désignation comme organisation terroriste et des sanctions paralysantes.

Ensuite, ils convoiteront le sud du Liban, où ils tenteront d’élargir leurs occupations sous prétexte de créer une zone tampon et une zone de sécurité.

À Chypre, la pression augmentera pour y établir davantage de bases militaires, renforçant ainsi la sécurité d’Israël en Méditerranée orientale. Quant à la Turquie, si elle ne rétablit pas ses relations avec Israël, elle sera menacée d’un effondrement économique. Bref, tout comme ils ne se sont pas arrêtés à Gaza et au Liban, ils ne s’arrêteront pas non plus en Égypte et en Jordanie.

Pensez-y : Trump voulait acheter le Groenland, faire du Canada un État américain, s’emparer du canal de Panama, et s’ingérer dans la politique intérieure de l’Allemagne et du Royaume-Uni. Une administration américaine capable de tout cela, pensez-vous vraiment qu’elle ne fera pas ce que je viens de décrire au Moyen-Orient ?

POURQUOI PAS UNE ALLIANCE EN MÉDITERRANÉE ORIENTALE ?

Les pays de la région doivent désormais prendre conscience du danger qui les attend à l’avenir. Pour en sortir, ils doivent établir des alliances solides dans les domaines de la sécurité, de la défense, de l’économie et du développement. Nous devons mettre à l’ordre du jour la théorie des cercles imbriqués dont j’ai parlé dans mon dernier article. Une alliance nommée « Tigre-Euphrate » est en train de se former entre la Turquie, Bagdad et Damas. Il est nécessaire d’élargir cette initiative.

Pourquoi ne pas envisager une « Alliance de la Méditerranée orientale » ? L’Égypte, le Liban, la Jordanie, la Turquie, la Syrie, Chypre, la Tunisie, la Libye, le Maroc et l’Algérie devraient former une alliance. À cette coalition pourraient également se joindre des pays européens dont les relations avec les États-Unis se détériorent rapidement : l’Espagne, l’Italie, Malte, la Grèce et même la France…

Les anciennes civilisations méditerranéennes pourraient utiliser leur culture et leur histoire communes pour s’opposer aux ambitions expansionnistes des États-Unis et d’Israël.

 

Source : https://aja.ws/z73kub

 

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