Pourquoi Netanyahu est-il retourné en guerre à Gaza ?

On peut dire que Netanyahu, pour échapper à ses propres problèmes internes, a tué des centaines d’enfants et de femmes à Gaza pendant le mois de Ramadan et à l’heure du suhour. Par conséquent, à moins qu’il ne subisse une pression considérable, il ne peut pas arrêter de tuer. Malheureusement, la pression internationale reste faible et l’attitude favorable de l’administration Trump semble lui permettre d’exécuter son agenda sanglant de temps à autre.
mars 27, 2025
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On peut dire que Netanyahu, pour échapper à ses propres problèmes internes, a tué des centaines d’enfants et de femmes à Gaza pendant le mois de Ramadan et à l’heure du suhour. Par conséquent, à moins qu’il ne subisse une pression considérable, il ne peut pas arrêter de tuer. Malheureusement, la pression internationale reste faible et l’attitude favorable de l’administration Trump semble lui permettre d’exécuter son agenda sanglant de temps à autre.

 

Netanyahu montrait clairement son intention de reprendre la guerre, et plusieurs indices allaient dans ce sens. Parmi eux, son refus de participer aux discussions préliminaires pour la deuxième phase du cessez-le-feu, le non-respect de la plupart des conditions convenues dans l’accord signé le 17 janvier, ainsi que la fermeture des points de passage à la fin de la première phase, empêchant ainsi l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza.

La question qui se pose est donc : pourquoi Netanyahu voulait-il que la guerre continue ? La réponse remonte au 7 octobre, car arrêter la guerre signifierait assumer l’entière responsabilité de l’échec majeur de cette date, ouvrant ainsi la voie à sa destitution et à son éloignement du poste de Premier ministre.

On peut aller plus loin et poser une autre question : pourquoi Netanyahu a-t-il relancé la guerre à Gaza alors que le Hamas avait fait preuve d’une grande flexibilité dans l’accord de cessez-le-feu ? La réponse réside également dans les crises internes d’Israël.

Depuis le 7 octobre, plusieurs crises internes ont éclaté au sein de l’État israélien. La première concerne la coalition au pouvoir, où Netanyahu exploite les positions dures en faveur de la poursuite de la guerre et des destructions pour maintenir son influence. Il existe aussi une crise au sein des institutions sécuritaires et militaires : Netanyahu a réussi à écarter le chef d’état-major Herzi Halevi et a nommé un nouveau chef d’état-major, Eyal Zamir, son ancien secrétaire militaire et un allié proche.

Une autre crise concerne le chef du Shin Bet, Ronen Bar. Netanyahu a fortement insisté pour son éviction et a pris une décision officielle en ce sens. Ronen Bar a refusé cette décision, et la Cour suprême israélienne a finalement suspendu la décision de Netanyahu.

Dans la coalition gouvernementale, le ministre de la Justice mène une bataille pour évincer le conseiller juridique du gouvernement, qui demande depuis plusieurs mois la création d’une commission d’enquête officielle et qui soutient le chef du Shin Bet contre Netanyahu.

Par ailleurs, le gouvernement de Netanyahu devait faire adopter la loi budgétaire à la Knesset. Pour ce faire, Netanyahu a cherché à satisfaire tous ses alliés qui souhaitent la poursuite de la guerre, notamment le ministre Itamar Ben-Gvir, qui avait démissionné après la signature de l’accord de cessez-le-feu mais qui est revenu au gouvernement le jour où l’armée israélienne a repris les bombardements sur Gaza.

En relançant la guerre à Gaza et en maintenant Israël dans une situation de guerre et d’état d’urgence en tuant des femmes et des enfants, Netanyahu cherche à détourner l’attention de ses crises internes. Il estime que l’état d’urgence l’éloigne de toute responsabilité politique, tout en lui permettant d’éliminer ses opposants au sein des institutions de l’État.

Sous un autre angle, Netanyahu ne veut pas approcher la date des élections et il sait qu’il perdra toute élection à venir, c’est pourquoi il a réenclenché la guerre à Gaza. Comme l’a dit l’ancien chef du Conseil national de sécurité israélien, Giora Eiland, il veut une guerre sans fin et continuera à inventer des excuses pour ne pas organiser les élections législatives à temps, car il a compris qu’il ne pourra pas obtenir une majorité pour former une nouvelle coalition gouvernementale.

D’ailleurs, depuis sa création en 1948, Israël n’a jamais été gouverné sans coalition, et aucun parti n’a jamais réussi à former un gouvernement seul.

Ainsi, de nombreuses prévisions indiquent que Netanyahu pourrait prolonger la guerre contre Gaza de plus d’un an pour empêcher la tenue des prochaines élections israéliennes prévues le 27 octobre 2026, lors desquelles 120 députés seront élus.

Une autre raison de crainte pour Netanyahu et son nouveau chef d’état-major est que, malgré 15 mois d’opérations militaires à Gaza, l’armée israélienne n’a pas réussi à forcer la population palestinienne à l’exode. De plus, les déclarations de Trump ont échoué à imposer sur le terrain tout plan de déplacement forcé des Palestiniens, car ces projets sont largement rejetés par la population locale et la région. Cependant, l’idée d’expulsion forcée reste à l’ordre du jour de Netanyahu, de l’extrême droite sioniste et des nouveaux commandants de l’armée israélienne. Ainsi, le déplacement de la population pourrait être l’un des objectifs de la reprise de la guerre contre Gaza.

Un autre facteur clé est le manque de pression suffisante de la part des acteurs internationaux et régionaux pour contraindre Israël à mettre fin à la guerre. Israël ne comprend pas le langage du dialogue, des appels à la paix ou à l’arrêt des hostilités. Il ne répond qu’à la pression et à la force.

Quoi qu’il en soit, la résistance palestinienne à Gaza ne se rendra pas, quelles que soient les conditions difficiles. Elle continuera à se battre, infligeant de lourdes pertes à l’armée israélienne, qui risque par ailleurs de tuer davantage de prisonniers israéliens à Gaza.

En conclusion, on peut dire que Netanyahu, pour échapper à ses propres problèmes internes, a tué des centaines d’enfants et de femmes à Gaza pendant le mois de Ramadan et à l’heure du suhour. Par conséquent, à moins qu’il ne subisse une pression considérable, il ne pourra pas arrêter de tuer. Malheureusement, la faiblesse de la pression internationale et l’attitude favorable de l’administration Trump semblent lui permettre d’exécuter son agenda sanglant de temps à autre.

Mahmud Alrantisi

محمُود الرنتيسي
حاصل على درجة الدكتوراة في العلاقات الدولية من جامعة غازي بأنقرة، وهو باحث بمركز سيتا للدراسات، ومساعد رئيس تحرير مجلة رؤية تركية، ومتخصص في الشأن التركي وتدور اهتماماته حول العلاقات التركية الخليجية. صدر له كتاب السياسة الخارجية القطرية تجاه الربيع العربي والقضية الفلسطينية.

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