Le Trumpisme

Bien que le trumpisme partage certaines similitudes avec ces mouvements, il présente également des différences. Il est difficile de prévoir jusqu’où ira cette voie de haine qui a commencé avec l’hostilité envers la Chine et l’Iran, l’opposition aux musulmans et la phobie des réfugiés.
février 8, 2025
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Le trumpisme semble encore être à ses débuts, avec des idées confuses et mal établies. Dépourvu de profondeur intellectuelle, ce mouvement se forme davantage autour de réflexes émotionnels et de discours populistes. Il est également sujet à des fluctuations temporaires qui provoque des changements d’actions soudaines. C’est précisément cette incertitude qui constitue le danger.
Avec l’élection de Trump, nous discutions de l’entrée du monde dans une turbulence. Maintenant, en regardant le cabinet formé par Trump, nous parlons davantage d’un passage à un ordre surréaliste et des conséquences imprévisibles qui nous attendent.

Je ris beaucoup du nouveau terme : « Le plus intelligent du cabinet, c’est Trump, imaginez le reste ! ».

Si on avait dit à Netanyahu de former le cabinet américain, il n’aurait pas osé réunir autant de ministres pro-israéliens. Il aurait probablement pensé : « Cela attirerait trop l’attention, mettons quelques ministres raisonnables pour équilibrer. »
Trump a formé un cabinet si pro-israélien que même Netanyahu doit en être surpris !
Ou si on avait demandé à Elon Musk de former le cabinet, il aurait sûrement inclus quelques ministres sensés. Dans ce cabinet, tout le monde semble être des personnalités extrêmes et excentriques.
Attendre des politiques réalistes ou espérer des décisions raisonnables de ce président et de ce cabinet relève de la naïveté. Le chaos déjà présent depuis un certain temps ne peut que s’intensifier davantage.

LA NAISSANCE DU TRUMPISME
Mais pour mieux comprendre la situation, nous devons poser les questions différemment.
La question « Comment Trump a-t-il été élu ? » relève davantage de l’analyse politique actuelle et peut facilement trouver des réponses.
Cependant, « Pourquoi la société américaine à-t ’elle élit une figure comme Trump ? » nous oriente davantage vers une analyse sociologique.
En effet, les analyses politiques qui expliquent l’élection de Trump par l’échec des Démocrates, à mon avis, nous induisent en erreur.
Dire que « Trump a influencé la société » est également trompeur.
Certes, ces deux affirmations contiennent une part de vérité, mais elles ne nous donnent pas les réponses profondes que nous cherchons.

Le vrai problème réside dans le fait que la sociologie américaine a engendré Trump. La société a en réalité élu une personnalité qui lui ressemble. Autrement dit, si Trump n’avait pas existé, la société aurait tout de même produit et élu quelqu’un correspondant à ce profil.
Dans ce cas, nous discutons des résultats d’une sociologie en mutation. Ce n’est pas Trump, en tant que figure isolée, qui a provoqué la situation actuelle.

Je pense que dans le futur, nous parlerons d’un courant sociologique qui sera appelé le « Trumpisme ». Ce n’est pas un mouvement inventé par Trump, mais une vague politique créée par la sociologie, qui s’identifie et se symbolise de plus en plus avec Trump.

LE TRUMPISME RESSEMBLE-T-IL AU NATIONAL-SOCIALISME ?
Je me suis demandé si ce mouvement pouvait être comparé au national-socialisme qui a émergé en Europe dans les années 1920. Les caractéristiques telles que la xénophobie, le populisme, l’ultranationalisme, l’homophobie, la diabolisation et l’opposition sont similaires. Cependant, le national-socialisme s’oppose au libéralisme et au capitalisme. Sur ce point, il est totalement opposé au trumpisme.

La caractéristique la plus marquante du trumpisme, à savoir le nationalisme populiste, se propage actuellement comme une grande vague en Europe. Cette phase initiale d’ultranationalisme est en réalité une période d’incubation pour le racisme. Les sentiments initiaux du national-socialisme – comme la patrie, le pays, la solidarité, l’unité et l’exaltation de la nation – ont progressivement évolué vers l’obsession de la « race aryenne », puis vers le mépris des autres races, et enfin vers leur asservissement.
La Seconde Guerre mondiale était le résultat de la tempête du national-socialisme, et l’humanité a vécu sa plus grande catastrophe entre les mains de Hitler, Mussolini, Franco et Hirohito. Ces figures étaient les symboles créés par le courant du national-socialisme. Cependant, une grande partie de la société partageait ces idées, et c’est cette société qui a engendré ces personnages.

Aujourd’hui, une déviation sociologique similaire se produit en Amérique et en Europe. Et comme ces régions représentent la culture dominante et la civilisation prédominante, de nombreux autres pays dans le monde sont naturellement influencés.

Mon premier scénario effrayant est que le trumpisme trouve des racines, comme le national-socialisme, et évolue vers un racisme violent. Dans ce cas, une Troisième Guerre mondiale deviendrait inévitable, et l’Occident plongerait à nouveau le monde dans le sang.

SIMILITUDES ENTRE LE TRUMPISME ET LE MCCARTHYSME
Mon scénario plus optimiste est que le trumpisme ressemble au maccarthysme, ce mouvement qui a balayé les États-Unis pendant la Guerre froide, dans les années 1940. Né de la peur du communisme, ce mouvement a fini par créer un État et une société paranoïaques aux États-Unis. La période où la diabolisation a atteint son paroxysme a cependant un côté rassurant : elle s’est dissipée après 1950 et a pris fin sans provoquer une grande guerre.

Durant cette période, qui s’est identifiée au sénateur Joseph McCarthy, le nationalisme, le patriotisme et la xénophobie se sont à nouveau intensifiés, paralysant la société.

Le national-socialisme, symbolisé par Hitler, et le maccarthysme, par le sénateur Joseph McCarthy, étaient deux mouvements irrationnels. Leurs discours étaient populistes, leurs arguments superficiels et émotionnels, et leurs idées paranoïaques et dépourvues de profondeur.

VERS OÙ ÉVOLUERA LE TRUMPISME ?
Bien que le trumpisme partage certaines similitudes avec ces mouvements, il présente également des différences. Il est difficile de prévoir jusqu’où ira cette voie de haine qui a commencé avec l’hostilité envers la Chine et l’Iran, l’opposition aux musulmans et la phobie des réfugiés. Étrangement, son absence d’opposition à la Russie n’est pas idéologique mais tactique. Cette équipe préfère ne pas créer un « épouvantail russe » afin de s’allier avec la Russie contre la Chine.

En réalité, on constate que ce mouvement est encore à ses débuts, avec des idées confuses et mal définies. Dépourvu de profondeur idéologique, il se forme principalement à partir de réflexes émotionnels et de discours populistes. Ses décisions changent souvent en raison de fluctuations temporaires.

Ainsi, on ne peut pas dire que le trumpisme se soit établi, mûri ou enraciné comme une idéologie. Ce qui devrait nous préoccuper, c’est la manière dont ce mouvement évoluera et vers quelle direction il se dirigera.

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