L’axe Meloni-Erdoğan : Un Nouveau Partenariat en Méditerranée

La coopération stratégique entre l’Italie et la Turquie ne se limite pas à la Méditerranée, mais s’étend également à la région méditerranéenne élargie, incluant la mer Noire et le Moyen-Orient. Dans ce dernier, bien que Rome et Ankara adoptent des positions divergentes sur certains sujets, elles semblent s’accorder sur la nécessité de collaborer en faveur d’une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien. En fin de compte, l’Italie et la Turquie avancent vers la formation d’une alliance qui préserve leur autonomie stratégique tout en veillant à leurs intérêts communs en Méditerranée et au-delà.
mars 7, 2025
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La coopération stratégique entre l’Italie et la Turquie ne se limite pas à la Méditerranée, mais s’étend également à la région méditerranéenne élargie, incluant la mer Noire et le Moyen-Orient. Dans ce dernier, bien que Rome et Ankara adoptent des positions divergentes sur certains sujets, elles semblent s’accorder sur la nécessité de collaborer en faveur d’une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien. En fin de compte, l’Italie et la Turquie avancent vers la formation d’une alliance qui préserve leur autonomie stratégique tout en veillant à leurs intérêts communs en Méditerranée et au-delà.

L’ Axe Meloni-Erdoğan

Un Nouveau Partenariat en Méditerranée avec des Drones, des Armes et une Autonomie Stratégique

L’Italie et la Turquie visent à établir une ligne stratégique pour protéger leurs intérêts dans la Méditerranée élargie. Voici le rôle d’Ankara dans cette équation.

Les relations commerciales entre les deux pays se renforcent progressivement. Le volume des échanges bilatéraux a atteint 32 milliards d’euros, tandis que la coopération dans des secteurs stratégiques s’intensifie. Ce partenariat permet à la Turquie d’exporter des drones vers l’Europe et offre à l’Italie l’opportunité de mettre en œuvre le Plan Mattei en s’appuyant sur la présence d’Ankara en Afrique, et pas seulement en Libye. De plus, l’Italie cherche à jouer un rôle actif en Syrie, un territoire largement sous influence turque.

Dans ce contexte, selon Valeria Giannotta, directrice scientifique de l’Observatoire Turquie du CeSPI, les dernières semaines ont été marquées par des contacts intensifs entre le gouvernement Meloni, les responsables turcs et les entreprises des deux pays, notamment dans le secteur de la défense. L’appartenance de la Turquie et de l’Italie à l’OTAN facilite cette coopération, mais les deux nations ne se limitent pas aux cadres institutionnels comme l’Alliance atlantique et poursuivent également une orientation stratégique indépendante.

Les relations Italie-Turquie évoluent-elles vers une alliance stratégique ?

Historiquement, l’Italie et la Turquie ont entretenu de bonnes relations, bien que ponctuées de tensions. Par exemple, les propos de l’ancien Premier ministre italien Mario Draghi, qualifiant Erdoğan de « dictateur », avaient temporairement refroidi les relations. Toutefois, depuis l’arrivée de Giorgia Meloni au pouvoir, une relation diplomatique forte et sincère s’est établie entre elle et Recep Tayyip Erdoğan, comme en témoignent leurs sept rencontres officielles.

Les deux dirigeants partagent des approches similaires sur les questions mondiales. Tous deux défendent des politiques conservatrices et prônent une plus grande indépendance dans les affaires internationales.

Quelle est la situation des relations économiques ?

Actuellement, plus de 1 500 entreprises italiennes opèrent en Turquie, et 90 % d’entre elles se déclarent satisfaites de leur présence sur le marché turc. Pour de nombreuses entreprises italiennes, la Turquie constitue une porte d’entrée vers d’autres marchés.

Le volume des échanges bilatéraux a atteint 32 milliards d’euros, dépassant l’objectif initial de 30 milliards d’euros. En 2023, ce chiffre s’élevait à environ 29 milliards d’euros.

Quels sont les secteurs clés ?

Les secteurs les plus dynamiques sont la machinerie industrielle, l’automobile, le textile et l’agroalimentaire. Parmi les grandes entreprises italiennes présentes en Turquie figurent Ferrero, Pirelli, Stellantis et Webuild.

Dans le domaine de la défense, Leonardo est implanté de longue date en Turquie et a établi une coentreprise pour la production des hélicoptères Atak.

Pourquoi ce rapprochement entre Rome et Ankara ?

Dans un contexte mondial marqué par une grande incertitude, la flexibilité et le pragmatisme dominent les relations internationales. La Turquie s’est imposée comme un leader mondial dans la production de drones, qu’elle exporte dans de nombreux pays. Dans cette optique, l’Italie et la Turquie développent un modèle de coopération basé sur des partenariats industriels.

Le secteur de la défense est-il le moteur de cette nouvelle ère ?

Dans le domaine de la défense, l’aéronautique et l’industrie spatiale se distinguent particulièrement. L’acquisition de Piaggio Aerospace par Baykar, le fabricant turc de drones, est considérée comme un mouvement stratégique qui facilitera l’entrée de Baykar sur le marché européen. Cet accord permettra d’implanter la production de drones dans la région italienne de la Ligurie, consolidant ainsi la présence turque en Europe.

Parallèlement, les dirigeants de Leonardo, géant italien de l’industrie de la défense, ont multiplié les visites en Turquie. Les discussions entre Leonardo et Baykar se poursuivent depuis un certain temps, et l’appartenance des deux pays à l’OTAN facilite l’intégration de leurs systèmes radar et technologies de drones.

La Coopération Italie-Turquie est-elle uniquement Économique ?

Les relations économiques ouvrent la voie à des coopérations géopolitiques plus larges. La Turquie occupe une position forte en Afrique en tant que fournisseur de sécurité, ce qui s’aligne avec le Plan Mattei de l’Italie. Ankara joue également un rôle clé dans les évolutions du Moyen-Orient et pourrait être un acteur majeur dans la normalisation et la reconstruction de la Syrie. Son influence en mer Noire fait également partie de cette coopération stratégique.

L’Italie et la Turquie vont-elles Coopérer en Libye ?

La Libye est l’une des régions où les intérêts des deux pays convergent le plus. En 2018-2019, la Turquie a signé un mémorandum d’accord avec le gouvernement de Tripoli, s’impliquant activement dans la sécurité et la délimitation des zones maritimes de la Libye. De son côté, l’Italie possède des investissements majeurs dans les projets énergétiques libyens, notamment à travers ENI.

Dans ce contexte, l’influence turque en Libye rend inévitable une coopération entre Ankara et Rome sur la sécurité énergétique et la gestion des flux migratoires. En 2023, Meloni et Erdoğan ont signé un accord visant à contrôler l’immigration depuis la Libye vers l’Europe.

La Turquie peut-elle soutenir l’Italie dans le Plan Mattei en Afrique ?

Pour que le Plan Mattei soit mis en œuvre en Afrique, l’Italie pourrait tirer parti de la forte présence turque dans la région. Au cours des vingt dernières années, la Turquie a développé une influence diplomatique et économique considérable sur le continent. Elle est le principal investisseur étranger en Somalie et contrôle plusieurs ports du pays. Récemment, Ankara a même ouvert une base de lancement de satellites sur le continent.

Quels sont les Fondements Stratégiques du Rapprochement entre Rome et Ankara ?

L’appartenance de l’Italie et de la Turquie à l’OTAN constitue un terrain d’entente important. Toutefois, ces deux pays cherchent à préserver leur autonomie stratégique en adoptant des politiques parfois distinctes de celles de l’OTAN et de l’Union européenne.

Les accords conclus en Libye témoignent d’un partenariat de plus en plus visible entre les deux nations. Bien que ces accords ne fassent pas toujours la une de l’actualité, ils montrent que Rome et Ankara coordonnent leurs actions sur certaines questions stratégiques.

Quels sont les Territoires Concernés par ce Nouveau Partenariat ?

La coopération stratégique entre l’Italie et la Turquie ne se limite pas à la Méditerranée. Elle englobe également la mer Noire et le Moyen-Orient.

Par exemple, avant la visite du ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani en Syrie, Meloni et Erdoğan se sont entretenus par téléphone, témoignant d’une concertation entre les deux pays.

En ce qui concerne le Moyen-Orient, bien que Rome et Ankara adoptent parfois des positions divergentes, elles semblent s’accorder sur la nécessité d’une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien et pourraient collaborer sur ce dossier.

En conclusion, l’Italie et la Turquie avancent vers la formation d’une alliance basée sur leurs intérêts communs en Méditerranée et dans ses environs, tout en préservant leur autonomie stratégique.

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