Bébé Aylan , Et Le Drame Syrien Oublié

La Syrie… Autrefois, était le pays où les échos des marteaux sur le cuivre résonnaient dans les souks de Damas et d’Alep, où les appels à la prière s’élevaient comme une douce musique, où les ruelles parfumées à l’huile d’olive accueillaient les rires des enfants jouant dans les vergers de grenadiers de Damas. C’était une terre imprégnée de soie et d’épices, avec des rues pavées chargées de traces laissées par les siècles. Une ville reposant dans les bras des légendes, des tables où les cultures se rencontraient ; un tissu délicat de silence, de paix et d’histoire.
février 8, 2025
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La Syrie… Autrefois, était le pays où les échos des marteaux sur le cuivre résonnaient dans les souks de Damas et d’Alep, où les appels à la prière s’élevaient comme une douce musique, où les ruelles parfumées à l’huile d’olive accueillaient les rires des enfants jouant dans les vergers de grenadiers de Damas. C’était une terre imprégnée de soie et d’épices, avec des rues pavées chargées de traces laissées par les siècles. Une ville reposant dans les bras des légendes, des tables où les cultures se rencontraient ; un tissu délicat de silence, de paix et d’histoire.

Maintenant, le vent porte des chansons brisées,
Des toits s’écoulent des complaintes endeuillées.
Mais l’espoir demeure caché,
Dans les vagues de l’Euphrate, dans le rêve d’un enfant…

Les eaux fraîches de l’Euphrate caressaient la terre, apportant fertilité ; dans les ruelles étroites d’Alep, le bruit des marteaux des artisans de cuivre résonnait. Dans ces rues imprégnées d’histoire, les chemins millénaires exposaient la civilisation. Les rencontres amicales entre religions, langues et cultures se transformaient en paix, partagée autour du pain et des olives. Mais aujourd’hui, le vent là-bas a cédé sa place à des lamentations tristes.

La Syrie, à partir de 1971, a été façonnée par le coup d’État militaire mené par la junte alaouite de Hafez al-Assad. En 1982, notamment, il a consolidé son régime par un massacre sanglant contre la population musulmane à Hama, bénéficiant du soutien de l’Occident, de la Russie et de la soi-disant République islamique d’Iran. À la mort de ce père assassin en 2000, son fils Bachar al-Assad a pris les rênes du pouvoir. Cependant, les problèmes et les oppressions persistantes ont continué à accumuler la colère du peuple.

En 2011, sous l’influence du Printemps arabe, des protestations pacifiques contre le régime ont éclaté dans diverses villes de Syrie. Mais le régime alaouite d’Assad a choisi de réprimer ces manifestations par la violence. Les interventions sanglantes contre les manifestations pacifiques du peuple, qui ne demandait qu’à vivre plus librement dans son propre pays, ont fini par déclencher un soulèvement plus large. L’arrivée de la Russie et de l’Iran pour soutenir le régime, ainsi que l’installation des États-Unis dans la région sous prétexte de lutter contre Daech, ont transformé la situation en une guerre impliquant de nombreuses nations.

Au fil des ans, la guerre s’est aggravée. Depuis 2012, l’armée alaouite syrienne et les groupes soutenus par l’Iran ont repris 90 % d’Alep, autrefois contrôlée par les forces opposées au régime. Le massacre d’Alep a été l’une des phases les plus dramatiques et destructrices de la guerre civile syrienne. Les forces du régime, les milices sectaires amenées par l’Iran et les avions de guerre russes ont ciblé les quartiers densément peuplés de civils, ainsi que des écoles et des hôpitaux. Le régime a causé des destructions massives en larguant des barils d’explosifs sur les zones résidentielles. Des armes chimiques ont également été utilisées dans ces attaques. Des dizaines de milliers de personnes ont fui l’avancée des forces du régime pour se réfugier dans des camps ou dans des pays comme la Turquie, l’Irak, la Jordanie et le Liban. Bien que ce massacre ait suscité une indignation mondiale, aucune intervention significative de la communauté internationale n’a eu lieu. Le massacre d’Alep reste dans les mémoires non seulement comme une tragédie pour la Syrie, mais aussi comme une blessure profonde pour la conscience humaine universelle.

Le régime baasiste occupant de la Syrie a utilisé des armes chimiques le 21 août 2013 dans la région de la Ghouta orientale, à Damas, tuant plus de 1 400 civils, dont une majorité d’enfants. La Ghouta orientale a été la cible d’un massacre où presque toutes les armes ont été utilisées par l’armée alaouite de la Baas laïque et sectaire, ainsi que par les milices chiites iraniennes meurtrières. De nombreuses femmes et enfants ont été empoisonnés par les gaz toxiques. Après un accord contraint avec les forces du régime et la Russie, les opposants ont dû quitter la région. Des millions de Syriens ont été déplacés de force, contraints de se réfugier dans les pays voisins ou en Europe. Des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie. Ces forces, qui ont perpétré des massacres de civils encore plus cruels que ceux d’Israël, n’ont rencontré aucune opposition de la part de l’Occident ou du reste du monde. Le peuple syrien a tenté de tenir debout uniquement grâce au soutien désintéressé et fraternel de la Turquie. En fin de compte, les Turcs et les Syriens, liés il y a un siècle par un même pays, un même destin et une même foi, continuent à résister ensemble contre toutes les forces oppressives.

La tragédie infligée au peuple syrien s’est inscrite dans les pages honteuses de l’histoire. Outre les victimes tuées ou torturées, le drame des millions de déplacés devenus réfugiés a également marqué l’histoire.

Les Syriens qui tentaient de fuir vers l’Europe par la mer ont connu une autre tragédie lorsque leurs embarcations chaviraient au cours du voyage. L’un des symboles les plus marquants de cette tragédie a été le petit Aylan Kurdi. Il n’avait que trois ans lorsqu’il a péri en tentant de fuir avec sa famille les conflits en Syrie. Jusqu’à la fin de 2011, Aylan et sa famille vivaient dans le quartier de Rukneddine à Damas. Lorsque les combats se sont intensifiés, ils ont dû retourner dans le village de Beğdik. Après l’attaque de Kobané, la famille, comme de nombreux autres réfugiés, a rejoint la Turquie et a tenté trois fois de se rendre en Europe, sans succès. Le mercredi 2 septembre 2015, au petit matin, Aylan, sa mère Rehanna, son père Abdullah et son frère Ghalib sont montés à bord d’un bateau fourni au cap Alihoca. Quelques heures plus tard, lorsque les vagues se sont intensifiées, le capitaine a abandonné le bateau. Le père Abdullah a raconté ce moment ainsi : « J’ai essayé de diriger le bateau, mais une grande vague a frappé. C’est alors que tout s’est produit. J’ai essayé de retenir mes enfants et ma femme, mais je n’ai pas réussi. Ils sont morts un par un. »

Le petit Aylan est décédé le 2 septembre 2015 lorsque le bateau qui devait les emmener en Grèce a coulé. Son corps sans vie, échoué sur une plage de Bodrum, est devenu un symbole du drame vécu par les migrants.

La photo bouleversante d’Aylan, qui a secoué le monde, a suscité une grande indignation dans la presse internationale et a entraîné une augmentation des dons aux organisations humanitaires. Mais ces aides n’ont pu ni ramener Aylan à la vie, ni ressusciter les autres enfants morts dans la guerre.

Malheureusement, la Syrie reste aujourd’hui encore sous l’occupation d’un régime oppressif soutenu par l’Iran, la Russie et les États-Unis. Malgré 13 années de massacres, de pertes, de tortures, de sang et de larmes, les Syriens continuent d’attendre la libération de leur pays et le retrait des forces occupantes et du régime baasiste oppressif. Depuis la mort du petit Aylan, rien n’a changé. Cette crise en Syrie a gravement affecté la vie des enfants et leurs espoirs pour l’avenir, mais elle ne les a pas détruits.

Le soutien, l’hospitalité et la solidarité fraternelle de la Turquie maintiennent encore vivante l’espérance du peuple syrien opprimé.

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