Guerre Civile au Soudan et l’Initiative de la Turquie

Le problème auquel nous sommes confrontés est centré sur la réhabilitation incertaine de l’ancien Soudan à travers des formules floues ou sur la construction d’un nouveau Soudan où la volonté du peuple se reflète dans la gouvernance. Cette approche ne nécessite pas seulement un nouveau médiateur, mais aussi une nouvelle méthode incontournable. La principale caractéristique de cette nouvelle approche est qu’elle exige un processus de négociation impliquant non seulement les parties en conflit, mais aussi des éléments civils qui ne sont pas directement impliqués dans le conflit. L’aspect du cessez-le-feu concerne principalement les parties belligérantes. Cependant, il ne faut pas oublier que l’origine du problème est largement politique.

La première étape pour trouver une solution saine au problème est de l’identifier et d’examiner les facteurs qui ont contribué à son émergence et à son aggravation, en dépassant les acceptations idéologiques.

Si l’on dresse une chronologie succincte, Omar el-Béchir, qui a dirigé le pays pendant plus de 30 ans, a quitté ses fonctions le 11 avril 2019 à la suite des manifestations qui ont débuté le 19 décembre 2018 et du soutien des généraux aux manifestants. Il s’agissait alors de la première « intervention » militaire visant à stopper les manifestations civiles. À la tête du gouvernement militaire nouvellement formé se trouvait Ahmed Awad Ibn Auf. Cependant, les manifestations se poursuivant malgré sa présence, une deuxième « intervention » tacite au sein de l’armée eut lieu trois jours plus tard, et Abdel Fattah Abdelrahman al-Burhan prit la tête du gouvernement militaire.

Malgré ce changement, les manifestants restaient mobilisés, et pour assurer la légitimité politique nécessaire, un « Conseil de Souveraineté » composé de militaires et de civils fut créé. Après un accord entre les civils menant les manifestations et les militaires, une « Déclaration constitutionnelle » fut signée le 17 août 2019. Selon cette déclaration, la période de transition prévue durer 39 mois débuta officiellement le 21 août 2019 avec le serment du général Burhan en tant que président du Conseil de Souveraineté.

Conformément à l’accord, le général Burhan devait occuper ce poste pendant 21 mois, puis céder la présidence à un membre civil pour les 18 mois restants. Le même jour, Abdallah Hamdok fut nommé Premier ministre et le 5 septembre 2019, le Conseil des ministres fut annoncé. Cependant, bien que la date de transfert de la présidence du Conseil de Souveraineté à un civil ait été dépassée, la coalition formée autour de l’armée changea de position et refusa d’honorer l’accord prévu par la Déclaration constitutionnelle signée.

La troisième « intervention » dans ce processus post-2019 eut lieu le 25 octobre 2021 sous la direction du général Burhan. Le gouvernement civil fut renversé et plusieurs ministres furent arrêtés. Le Premier ministre Hamdok refusa de soutenir ce coup d’État et appela la population à résister. En réponse, il fut placé en résidence surveillée le 26 octobre. Ce même jour, le Conseil de Souveraineté composé de militaires et de civils fut dissous, l’état d’urgence fut déclaré et Hamdok ainsi que les ministres furent arrêtés. Pourtant, selon la Déclaration constitutionnelle signée le 17 août 2019, un membre civil aurait dû prendre la tête du Conseil de Souveraineté en mai 2021 et, 18 mois plus tard, le pouvoir aurait dû être entièrement transféré aux civils.

Depuis sa création, le Soudan a été largement dirigé par des « interventions » militaires successives. Malgré cet ancrage historique, l’armée a cherché à obtenir une légitimité. Pour surmonter cette crise de légitimité, un nouveau Protocole de Transition a été signé le 19 avril 2022 lors d’une réunion élargie incluant militaires et civils.

Les principales dispositions de ce protocole étaient : La libération des prisonniers politiques,l’établissement d’un climat politique démocratique, l’implication de toutes les parties dans le processus décisionnel, le respect des dispositions de l’Accord de Juba, la nomination d’un Premier ministre civil, la formation d’un Conseil des ministres composé de 20 ministres représentant toutes les provinces du Soudan, la rédaction d’une nouvelle constitution,l’intégration des Forces de Soutien Rapide (RSF) dans l’armée, l’instauration de la démocratie, du gouvernement civil, du fédéralisme et de la justice transitionnelle, la fin de la transition avec des élections prévues en mai 2024.

Cependant, comme pour tous les accords précédents signés par les parties concernées, ce protocole n’a jamais été appliqué.

Il peut y avoir des détails très importants concernant le déclenchement du conflit. Cependant, les évaluations externes considèrent que la guerre repose sur le partage du pouvoir, la lutte pour le contrôle du pays, l’intégration des forces et l’intervention des structures organisées de l’ère Béchir, qui ne voulaient pas céder le pouvoir. Réduire ce conflit à une simple « lutte de pouvoir personnelle » entre deux dirigeants serait une erreur. Cette guerre est en réalité le reflet de la tentative du Soudan, pays majoritairement dirigé par les militaires depuis son indépendance, de s’adapter à l’époque moderne. Elle concerne la reconstruction de l’État, l’avenir des structures militaires, la quête d’un fonctionnement démocratique et la lutte d’influence des puissances régionales.

Les Parties en Conflit

Il est bien connu que la guerre civile en cours au Soudan oppose principalement les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF). Cependant, ce qui se passe au Soudan est en réalité une guerre civile où de nombreux acteurs sont impliqués, bien que deux principaux groupes dominent.

Le premier groupe comprend les SAF, le groupe Minawi, la Brigade Al-Bara bin Malik (mouvement des acteurs de l’ère Béchir), le Commandement du Bouclier du Soudan (Darfour-Al Mustereka), l’Armée de Mustafa Tambour, la branche armée des Comités de Résistance soudanais, les groupes soudanais formés par l’Érythrée et l’armée de Musa Hilal, chef de la tribu Mahamid.

Le deuxième groupe est composé des RSF. Cependant, il existe également d’autres groupes qui, bien qu’ils ne combattent pas aux côtés des RSF, s’opposent aux SAF, notamment le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) dirigé par Abdelaziz al-Hilu et le Mouvement de libération du Soudan (SLM/AM) sous la direction d’Abdulwahid Nur.

En dehors des groupes armés impliqués dans les combats, certains groupes civils doivent également être pris en compte dans le processus de résolution du conflit. Ces groupes incluent Takadum (auquel appartient l’ancien Premier ministre Abdallah Hamdok, limogé par le général Burhan), le Front révolutionnaire, les Chambres d’intervention d’urgence, Albarlman(le Parlement du peuple), Mansam (Coalition des femmes des groupes civils et politiques soudanais), ainsi que plusieurs ONG et partis politiques.

Négociations et Recherche de Solutions

Malgré un faible niveau d’intérêt, de concentration et de participation, plusieurs initiatives de cessez-le-feu ont été entreprises. Ces initiatives peuvent être regroupées sous les pourparlers de Djeddah, l’initiative des pays voisins du Soudan, les efforts de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale sur le développement (IGAD), les négociations de Manama et les discussions de Genève.

Le premier effort de médiation a été les négociations de Djeddah, initiées par l’Arabie saoudite et les États-Unis. Ces pourparlers ont eu lieu à deux reprises. La première série a débuté le 6 mai 2023 et s’est achevée le 24 juillet 2023. L’objectif principal était d’établir un cessez-le-feu garantissant l’acheminement de l’aide humanitaire et la protection des civils. Malgré diverses tentatives, aucun résultat concret n’a été obtenu. Même des questions fondamentales comme la mise en place d’un mécanisme de cessation des hostilités et le lancement d’un processus politique de résolution de la crise n’ont pas été discutées. Après le départ de la délégation des SAF pour des consultations avec leur commandement et leur refus de revenir à la table des négociations, la délégation des RSF a attendu trois semaines à Djeddah avant de se retirer, signant l’échec du premier round.

Le deuxième cycle des négociations de Djeddah a commencé le 25 octobre 2023 et s’est terminé le 3 décembre 2023. Cette fois, les Émirats arabes unis et l’IGAD ont également participé aux discussions. Malgré de longues négociations, aucun accord de cessez-le-feu n’a été conclu.

La deuxième initiative, bien que n’ayant pas véritablement cherché une solution, fut la réunion des pays voisins du Soudan en juillet 2023 en Égypte. Ont participé à cette réunion l’Égypte, le Soudan du Sud, la République centrafricaine, la Libye, l’Éthiopie et l’Érythrée. Toutefois, aucune proposition concrète ni aucune mesure significative n’en ont émergé.

La troisième initiative ayant abouti à un résultat tangible fut les négociations de Manama. Celles-ci se sont déroulées entre le 7 janvier et le 26 janvier 2024 avec la participation de Bahreïn, des Émirats arabes unis, de l’Égypte, des États-Unis et de l’Arabie saoudite. Les SAF et les RSF y étaient représentées par leurs commandants adjoints. Les parties ont signé un document établissant les principes et fondements d’une solution globale. Les discussions ont progressé vers des mesures concrètes pour la cessation des hostilités. Une nouvelle réunion entre les parties était prévue. Cependant, les négociations ont échoué après que Al-Kabbashi, représentant des SAF, n’ait pas assisté à la réunion, invoquant un problème lié à son avion.

Lors de la quatrième rencontre, à la demande du commandant des SAF, l’IGAD a pris des mesures pour organiser une réunion directe entre les SAF et les RSF. Les négociations, qui devaient se tenir à Entebbe, en Ouganda, avec la participation des commandants des SAF et des RSF ainsi que des représentants de l’IGAD, ont été annulées en raison de l’absence du commandant des SAF.

La cinquième rencontre et les dernières discussions entre les deux parties se sont déroulées à Genève. Sur invitation du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, Ramadan Lamamra, une série de pourparlers a eu lieu entre le 10 et le 19 juillet 2024 à Genève. Bien que des responsables des SAF soient venus à Genève, ils n’ont pas participé aux discussions, qui se sont tenues uniquement entre la délégation des Nations Unies et les RSF. Ces pourparlers étaient principalement axés sur la fourniture d’aide humanitaire et la protection des civils.

Le sixième cycle de négociations a constitué une deuxième série de pourparlers à Genève. Organisés sur invitation des États-Unis, avec la participation de l’Arabie Saoudite, de la Suisse, des Émirats arabes unis, de l’Égypte, de l’ONU et de l’Union africaine, ces pourparlers ont débuté le 14 août 2024. Leur objectif urgent était d’obtenir un cessez-le-feu, de garantir la protection des civils et de mettre en place un mécanisme de surveillance. Cependant, en raison de l’absence des SAF aux discussions, aucune avancée concrète n’a été réalisée.

Les dernières initiatives dans le cadre des recherches de solution ont été menées par la Turquie. Les deux parties ont exprimé un intérêt pour l’initiative turque, inspirée de l’histoire de l’Éthiopie et de la Somalie. Toutefois, les événements en Syrie ont mis de côté le Soudan, et, pour l’instant, aucune sortie tangible n’en est ressortie.

Pourquoi ces initiatives ont-elles échoué ?

La question de savoir pourquoi les tentatives de résolution et les initiatives ont échoué est importante pour mieux planifier les efforts futurs. Il est possible de se concentrer sur sept raisons distinctes.

Le premier point sur lequel il convient de se concentrer est le manque de volonté des parties en guerre de parvenir à une solution. En examinant les discussions et le tableau qui en découle, il est difficile de déterminer quelle partie est prête à s’engager. Ce qui est vraiment important ici, c’est de savoir si cette réticence est une situation naturelle ou si elle est influencée par des facteurs externes. Un facteur souvent évoqué est l’influence des acteurs de l’époque de Bechir sur les SAF. Il est utile d’analyser cette influence afin de mieux comprendre l’évolution des initiatives de solution.

Le deuxième facteur est le soutien militaire et économique continu des pays étrangers derrière les parties. Pour que les négociations réussissent, ces acteurs étrangers doivent aussi être prêts à soutenir la solution. Il n’y a pas d’informations indiquant que cette question ait été analysée ou prise en compte.

Le troisième facteur est que les tentatives de médiation ont été menées par des acteurs dont le rôle était très limité, n’étaient pas pleinement acceptés par les deux parties et suscitaient des doutes sur leur impartialité, tout en rencontrant des problèmes de « cohérence ». D’un côté, il y a des évaluations indiquant que l’Égypte est partie prenante de ce conflit, tout en organisant des réunions de résolution en Égypte. Des évaluations similaires s’appliquent également au Kenya.

Le quatrième facteur est l’analyse selon laquelle le conflit se limiterait à un affrontement entre deux généraux. Cette analyse est incorrecte à elle seule. Il existe de nombreux groupes au sein des parties impliquées, et l’impact de ces groupes est souvent négligé. Il est possible de concevoir les négociations de manière bipartite. Il serait possible de planifier une première phase pour parvenir à un cessez-le-feu, suivie d’un processus de négociation pour une solution politique impliquant les parties non belligérantes.

Le cinquième facteur est que les médiateurs se sont abstenus d’exercer des pressions fortes sur les parties et ont préféré une approche qui permettait aux belligérants de choisir eux-mêmes le forum qui leur convenait le mieux.

Le sixième facteur est que les acteurs de l’époque de Bechir et les structures organisées étaient parties prenantes du conflit et exerçaient une influence, ou du moins étaient supposées en exercer une, sur les SAF.

Il est essentiel de prendre en compte les attitudes qui ne sont pas explicitement écrites lorsqu’il s’agit de l’échec des négociations. Si cela n’est pas fait, il devient difficile de comprendre qui cherche réellement une solution et qui ne la souhaite pas. Cela peut poser problème pour la planification future. Dans un conflit où la vie des gens est en jeu, il est également utile de noter que certaines parties adoptent des positions idéologiques qui influencent leur comportement.

La fin de la guerre met-elle fin aux conflits ?

Étant donné le niveau atteint par la guerre et la diversité des groupes impliqués, il est clair que la fin de la guerre ne signifie pas nécessairement la paix durable. Une paix durable repose sur une solution politique basée sur des élections permettant à toutes les parties d’y participer. Sinon, il est à prévoir que les groupes considérés comme perdants dans la guerre poursuivront le conflit, à plus petite échelle et à travers la colère persistante, sous différentes formes. Par conséquent, les négociations doivent principalement viser à fournir une aide humanitaire et à instaurer un cessez-le-feu.

Les expériences sur le terrain montrent que si l’une des parties, SAF ou RSF, venait à gagner, il serait impossible de rêver d’un Soudan stable. De plus, dans l’équilibre actuel des forces, une victoire totale d’une partie semble quasiment impossible. Si la RSF l’emporte, les éléments du régime précédent pourraient se lancer dans une guerre de guérilla. En revanche, si la SAF gagne, il faudra s’attendre à ce qu’elle lutte contre de nombreuses nouvelles RSF. C’est pourquoi il est très important que les négociations aient une vision politique claire comme objectif principal. Cela signifie qu’il est nécessaire de développer une perspective de solution principale visant à favoriser la participation politique.

Comment gérer le problème des acteurs de l’ère Bechir ?

Entre 2019 et la date de début de la guerre, le 15 avril 2023, deux textes ont été signés concernant le passage de la gestion du pays aux civils et la tenue d’élections. Malgré ces accords, la raison fondamentale pour laquelle les militaires ne veulent pas céder le pouvoir réside dans l’alliance continue entre les dirigeants de la SAF et les groupes organisés ayant fait partie du régime de Bechir, et dans les efforts pour maintenir cette coalition. Cette coalition est la continuation des tensions qui ont émergé pendant et après le régime de Bechir. Ce problème peut être défini comme une question de représentation entre le gouvernement central et les périphéries, ainsi que l’écart entre les élites dirigeantes et la population. Il est crucial que la large majorité de la population qui estime ne pas avoir de pouvoir sur la gestion du pays soit prise en compte. Il n’y a aucune information indiquant que les dirigeants de l’État reconnaissent ce problème, le comprennent et trouvent une solution.

Le régime de Bechir, au lieu de céder à la pression des manifestations, a décidé de quitter son poste en raison de la nécessité de continuer à diriger selon un format différent grâce à cette coalition. L’intégration civile, qui avait été mise en place pour contrer les manifestations, a pris fin en octobre 2021. Ce qui s’est passé peut être interprété comme un désir des militaires de se concentrer sur la politique et l’économie plutôt que sur la sécurité nationale, en cherchant à conserver les privilèges acquis. L’une des premières actions du général Burhan après avoir pris le pouvoir a été d’interdire le Parti du Congrès National, qui détenait encore le pouvoir sous Bechir, en raison des manifestations. Cette décision a ouvert la voie à une influence de Bechir et de ses acteurs sur les rangs moyens et supérieurs de la SAF, et on estime que cela a joué un rôle dans la prolongation de la guerre.

Comment devrait être la nouvelle initiative ?

Il n’existe actuellement aucune initiative active pour arrêter la guerre et instaurer la paix. Cependant, la Turquie a entrepris certaines démarches. Pour éviter que les nouvelles initiatives ne suivent le même chemin infructueux que les précédentes, il est essentiel d’analyser de manière approfondie les expériences passées. Après de nombreuses discussions, les facteurs importants qui ont influencé les négociations ont été abordés ci-dessus. Cependant, il reste des actions possibles, et il faut se concentrer sur celles-ci.

Le premier point à aborder est la nécessité de mettre en œuvre une nouvelle approche de médiation, différente de celles déjà entreprises. Cette nouvelle approche nécessite non seulement un nouvel intermédiaire, mais aussi une approche entièrement différente. La caractéristique fondamentale de cette nouvelle approche est qu’elle inclut, aux côtés des parties en conflit, des acteurs civils qui ne sont pas impliqués dans le conflit. La question du cessez-le-feu concerne les parties belligérantes, mais il ne faut pas oublier que l’origine du problème est principalement politique. Par conséquent, une approche incluant des acteurs politiques est essentielle. Ainsi, l’objectif ne doit pas être la conclusion du conflit militaire avec un équilibre entre vainqueurs et perdants sur les territoires contrôlés, mais la création d’un cadre politique. Par conséquent, en plus des négociations visant à instaurer un cessez-le-feu entre les parties en guerre, il est nécessaire de lancer simultanément un processus politique civil. Il est possible de formuler les négociations de cette manière.

Un autre aspect important est la nécessité de mener les négociations dans la plus grande confidentialité afin d’instaurer la confiance entre les parties et limiter l’influence des acteurs « invisibles » impliqués dans le processus. De plus, il est nécessaire de renforcer la coordination internationale pour exercer une pression plus efficace sur les parties. Cela devrait également inclure un mécanisme permettant de faire pression sur les parties en guerre et leurs soutiens extérieurs. Les médiateurs devraient, idéalement, faciliter la formation d’une large vision politique pour l’après-guerre, avec une forte implication des groupes civils soudanais. Les médiateurs internationaux doivent placer dans leurs priorités le fait de fournir une reconnaissance politique et une légitimité aux parties en guerre, mais seulement en échange de concessions réalistes. Il faut activer la communication par canaux arrière. Cela doit se faire en passant par tous les acteurs ayant un véritable pouvoir politique au Soudan.

En conclusion, peut-être à cause des dynamiques de notre époque, il n’est pas possible de résoudre un conflit simplement par la force. Il est également impossible de mettre fin aux conflits sans une perspective de solution politique. Les Soudanais le savent mieux que quiconque en raison de ce qu’ils ont vécu pendant la période du conflit au Sud-Soudan, au Darfour et lors de l’accord de Juba. Il est impératif de proposer une solution politique saine. Par conséquent, le problème qui se pose à l’avenir est de déterminer comment réhabiliter l’« ancien » Soudan avec des formules incertaines, ou construire un nouveau Soudan dans lequel la volonté populaire s’exprime clairement dans la gestion du pays. Ignorer cette perspective et lire la situation uniquement à travers le prisme du conflit militaire semble voué à maintenir la tragédie humaine et les lacunes en matière de sécurité, ou à les repousser temporairement sans en résoudre les causes profondes.